en route cow-boy. (JULES)

Jules A. Gainsbourd & Candice Langlois

Il y a une chose absolument magique sur internet, c'est cet anonymat. Je n'étais pas à l'aise partout. Même si j'essayais de faire des progrès je manquais cruellement de confiance en moi. Enfin, ça s'arrangeait avec l'âge. Internet restait tout de même pour moi un espace que j'adorais. J'aimais m'y rendre, pour mettre à jour le site qui me servait de travaille, mais aussi comme tout le monde, pour y parler avec mes amis. C'est sur internet que je fis la connaissance de Candice. Il se trouve qu'un beau jour, elle décida d'acheter l'un de mes tableaux. J'étais absolument ravi. C'était quelque chose de magique pour moi. Oui, qu'on m'achète un tableau me laissait entendre que j'avais vraiment du talent. Bizarrement, mon talent pour la peinture était ma plus grande fierté, j'avais totalement confiance en moi lorsque je brandissais un pinceau. C'en était presque jouissif. Je devenais quelqu'un d'autre, je devenais qui je voulais être et ça pouvait être n'importe qui. Je pouvais me retrouver à me peindre, là, discrètement sur une toile et me surprendre à rêver de cette scène. C'était fantastique, mais quelque part, je me demandais si je n'étais pas un peu fou. Bref, revenons-en à nos moutons. Candice avait donc acheté l'un de mes tableau. Mais elle m'envoya un mail lorsqu'elle le reçu. Je répondis, bien sûr, je n'étais pas de ces artistes qui prennent la grosse tête. Je n'étais pas encore assez célèbre pour ça. C'est bien pour ça que je travaillais comme serveur à côté. Rares étaient ceux qui comprenait. J'avais de l'argent, oui, j'étais le seul héritier de la fortune de mon père, mais il m'était simplement impensable de me reposer seulement sur mon art. Pas tout de suite en tout cas. Après plusieurs mails, quelques discussions sur msn, je découvrais une amie. Oui, une amie.' Nous n'avions pas beaucoup de choses en commun au final, mais j'aimais discuter avec elle. Je ne saurais l'expliquer, elle avait ce quelque chose qui faisait que je ne m'ennuyais jamais avec elle. Alors, le temps est passé et nous avons décidé de nous retrouver. Oui, elle habitait à Paris, elle aussi. Ça facilitait beaucoup les choses. Je n'étais pas sûr que ça soit une bonne idée, généralement, il est préférable que ce genre de chose se limite à des discussions via un ordinateur. Surtout que j'avais peur de ne pas être aussi à l'aise. Enfin, depuis mon adolescence, j'avais fait un gros travail sur moi. J'avais changé, déjà physiquement, mais bon. J'étais à présent apte à agir normalement. Le problème avec Candice, alors ? C'est que nous avions eu de nombreuses conversations, nous étant plus ou moins confiés. Enfin bref, je devais la rencontrer.

C'est donc caché dans le café de Flore que j'attendais. Je devais la reconnaître à ses santiags et à un chapeau de cow-boy, ça ne serait pas difficile à reconnaître ça. J'attendais donc, j'étais arrivé un peu en avance et avait bu un café. Plutôt rapidement d'ailleurs. Lorsque je la vis. Elle était dos à moi. Devant la terrasse et son chapeau me fit sourire. Il n'était pas bien discret comme chapeau, en effet, il était à paillettes vertes. Ce qui me fit sourire de plus belle. Je décidai de sortir du café pour aller la retrouver. Je passai à côté d'elle avant de me planter devant elle. Elle était plutôt jolie, ouais, très jolie même. « Joli chapeau. » Dis-je alors simplement, j'étais sincère, j'aimais beaucoup son chapeau. Il était original, oui voilà, original. Je me permis tout de même un sourire peu assuré. J'avais toujours peur des préjugés. Je sais pas comme si quelqu'un aurait pu marquer sur mon front en grosse lettre « idiot fou amoureux d'un homme et qui ne s'assume pas du tout. Imbécile à lyncher. » Au pire, je savais me défendre, mais c'était psychologique, purement psychologique. J'aurais été beaucoup plus à l'aise si je venais de la rencontrer et si elle ne connaissait pas déjà beaucoup (ou pas) de détails sur ma vie. « Tu es en retard, au fait. »