constance ♥ caught in the middle -ended

« Oh mon Dieu... »

Je crois que je connais Hugo depuis a peu près toujours. Pour faire simple, il était le meilleur ami de Raphaël depuis la crèche ou quelque chose du genre. Encore le cliché du meilleur pote du grand frère, je sais mais on ne peut pas y échapper et croyez-moi, j'ai essayé bien des fois. Je vous explique, quand on était petits, on se détestait cruellement pour des raisons aussi futiles que nos âges respectifs. J'avais l'impression qu'il me volait Raphaël et lui ne supportait pas d'avoir une gamine de trois ans de moins que lui dans les pattes. Je faisais tout pour m'intégrer dans leur univers masculin et lui m'envoyer balader à chaque fois que l'occasion se présentait - évidemment jamais devant mon frère. Au fil des années, ces petites tensions enfantines se sont dissipées et se sont transformées en quelque chose qu'on pourrait appeler l'amour vache. On passait beaucoup de temps ensemble, Hugo, Raphaël et moi. Grâce à eux, je pouvais rentrer aux soirées organisées par des lycéens alors que je n'étais qu'au collège et très vite une complicité bien spéciale était née malgré nos années d'écart, j'étais un peu plus mature, et lui un peu plus gamin donc nous étions presque équivalent de ce côté là. Nous étions proches, partagions même quelques confidences parfois mais ne pouvions pas nous empêcher de nous envoyer des piques et d'utiliser notre arme favorite, le sarcasme. Et puis il y a eu ce fameux jour de juillet, nous avions organisé une soirée en l'honneur de l'obtention du baccalauréat de Raphaël et Hugo, ce dernier m'avait pris en aparté au beau milieu de la soirée pour m'annoncer son départ prochain pour l'Angleterre. Ses grands-parents, originaire de Londres lui avaient dégotés une place pour qu'il aille travailler je ne sais où. A vrai dire, je ne portais plus vraiment attention à ce qu'il était en train de me dire, et je me surprenais à avoir les yeux humectés de larmes. Merde, ce n'était pas mon genre de pleurer. J'ai même était catégorisée comme une personne sans coeur quand j'ai regardé The Notebook sans verser une seule larme. Je ne sais toujours pas ce qui m'a pris ce jour-là. Peut-être était-ce parce que je concevais Hugo comme une valeur sûre, quelqu'un qui ne partirait pas, quelqu'un qui ne m'abandonnerais pas. Un peu comme je comptais sur mon frère dans un autre registre. Oui, j'avais vécu ça comme un abandon, ce qui était stupide de ma part puisqu'il ne me devait absolument rien. Il restait sur Paris durant l'été et j'avais décidé de l'ignorer pendant les deux mois qui lui restait ici, après tout ce serait un bon entraînement pour l'année à venir. J'admets que ma réaction était plutôt lâche mais je voulais me protéger avant tout. Au bout de trois jours, je craquais. J'étais allée sonner à sa porte et dès qu'il avait ouvert, je m'étais réfugiée dans ses bras comme la gamine de seize ans que j'étais à l'époque. J'avais beau jouer les fortes têtes, je n'étais pas plus forte émotionnellement que n'importe quelle fille de mon âge. J'avais donc profité de mon Hugo jusqu'au dernier jour, nous nous étions fortement rapprochés durant ces deux derniers mois puisqu'à l'inverse d'auparavant, nous ne traînions que tous les deux, sans Raphaël (puisque mon grand frère avait enfin trouvé une copine pour plus d'une semaine). Il n'y avait cependant eu aucune approche autre qu'amicale. Le jour du départ arriva, l'année fut étrangement un peu plus longue que les autres et puis les années se succédèrent. Il avait été embauché à l'endroit où il avait fait son stage et avait signé un contrat de trois ans supplémentaires. Les mails entre nous étaient de moins en moins fréquents. Il avait sa vie, j'avais la mienne et nous étions tous les deux bien occupés à les remplir. Trois années plus tard, le contrat arriva à terme. Je venais d'obtenir mon baccalauréat et j'entrais à peine à la fac, j'avais presque complètement effacé de ma mémoire Hugo, j'avais toujours eu cette facilité à tirer un trait sur les gens quand il n'y avait aucune issue possible. D'ailleurs, je ne savais même pas exactement ce qu'il avait représenté pour moi, meilleur ami, grand frère ou quoi que ce soit d'autre. Vous pouvez donc imaginer le choc que j'ai eu en le voyant traîner sur le canapé de l'appartement familial comme il le faisait des années auparavant. J'ai eu la vague impression d'avoir fait une hallucination et pourtant il était bien là. Beaucoup plus mature physiquement que quand je l'avais quitté et surtout beaucoup plus... attirant. Je me surpris à mordre ma lèvre inférieur en le voyant, et d'après son expression il n'était pas non plus déçu de ce que j'étais devenue.