ARMAND. 'cause you're everywhere where i am and i don't know

♠ EVERYBODY DANCE NOW

elle installe tranquillement l'instrument sur ses genoux mais n'ose pas le toucher de suite. Elle l'admire, elle l'écoute comme s'il pouvait lui parler. Puis la jeune femme pose avec attention ses doigts dessus. On aurait parié sur une mélodie de sirène, un concerto à l'époque de louis quatorzième, un son digne d'une rêve romantique. Non c'est simplement une jeune qui a pris la guitare en otage et qui fait lentement glisser ses doigts sur les cordes de nylon, jonglant entre les grises et les transparentes et les petites cases de bois brut. Les privilégiés, les chanceux qui sont venus ce soir, se sont tus et regardent avec des yeux admiratifs la guitariste assise aux yeux fermés. Marie connait sa mélodie, son morceau par cœur, c'est certainement son préféré qui a une grande valeur morale à ses yeux. Elle pourrait vous chanter les accords qui lui ont été donnés par un être cher suite à la suite sans jamais vraiment se lasser. Cette passion, cet instrument qui est pourtant commun à beaucoup de gens, elle n'est qu'à elle. On ne peut pas vraiment comprendre ou chercher à comprendre ce qu'il se produit dans sa tête quand elle commence à en jouer et qu'il faut la sonner pour qu'elle arrête. Mais trop de personnes se laissent enchanter, envoutés dans cette sonorité et ne veulent pas qu'elle s'arrête.

Quelques personnes se lèvent timidement des bancs, même les bateaux se sont arrêtaient de peur de déranger. Tout les regards sont fixés sur la fille Therrien qui n'a pas peur de l'admiration. Ce désir lui vient depuis qu'elle est toute petite. Au lieu de se faire tresser les cheveux par sa maman, elle s'attardait dans le monde de la musique, tandis que son père travaillait dans le bureau en dessous venant parfois à monter l'encourager. La jeune fille y aura mis beaucoup de sa patience, son amour, sa vie pour atteindre un résultat qui n'atteint jamais la perfection niveau sonorité si on la laisse parler. Seulement elle commence à s'habituer grandement aux compliments de personnes inconnues qu'il lui devient aisé de ne plus les refuser. Mais elle se laisse aussi facilement charmer par un compliment que par une mélodie de guitare. Ses doigts n'en peuvent plus et s'affaissent sur les derniers accords de la rapide partition. La guitare ne veut pas s'arrêtait et prolonge la dernière note jusqu'à son dernier souffle. La belle brune recolle son dos au dossier du banc de bois froid et dépose son instrument à côté d'elle. Elle s'allume une cigarette qu'elle porte directement à sa bouche tandis que les passants se pressent de partir puisque leur spectacle du soir est terminé. Ses bras et sa silhouette se ramollissent et glissent sur le banc. Marie tourne la tête qui admirait la beauté de la seine en pleine nuit. « tu fais quoi là tout seul, tu sais que la nuit est dangereuse ... » Elle ne prend même pas la peine de se lever pour le saluer et se contente de hocher de la tête et de taper sur la place libre à côté d'elle.