« Rendez-vous » Antonin

Depuis ce matin, j'ai pas dis un traitre mot. Pourquoi? Bah en fait, j'en sais rien. Et je sais pas plus si j'ai vraiment envie de le savoir. Je me suis levée, on est un lundi donc forcément, les cours sont obligatoires. J'ai pas envie mais d'après le regard de Léonie, j'avais intérêt à y aller. Mais j'en ai pas enviiie! Ça se comprend? Pas envie de me farcir trois heures d'histoire, de politique, d'économie... Juste à y penser je grimace. L'école, ça m'ennuie. J'ai que des fans là-bas. C'est avec mon sac à dos et mon tout nouveau sac à main signé Chanel que je décide de partir. Évidemment, j'ai les armes: les vêtements de civil. Parce que oui, j'ai un uniforme. Laissez moi crever... Je sors de l'appartement et je prévois ma journée: je me pousse sur l'heure de dîner en mimant une migraine atroce. Je reviendrais à l'appartement en sachant pertinemment que Joe commence vers 1h. J'attendrai tout sauf patiemment et je partirai. Pour aller où? J'en sais rien. Quartier Latin, je crois. Mais j'ai pas envie de m'emmerder seule.

Nouveau message de Evelyne Dumont-Alyn:
« Rejoins moi dans le quartier Latin. Rien à foutre de c'que tu fais, TU ramènes tes sexy fesses. »

Je souris et j'appuie sur envoyer. Évidemment! Je savais qu'il viendrait, il avait tout intérêt. Et en plus, ça prouvait que je n'étais pas au lycée si j'étais dehors à cette heure là. Je sors dehors et j'attends la limousine. Quand est-ce qu'elle va arriver à l'heure? Non, je n'ai pas mon permis de conduire et alors? Beaucoup mieux de se faire conduire que de conduire tant qu'à moi. Je m'approche du chauffeur et je lui dis qu'il vaudrait mieux pour son emploi qu'il me conduise au quartier latin et ce, sans dire quoi que ce soit à personne. J'ajoute même un succulent pourboire. Une offre bien alléchante... Être pauvre, elle me conviendrait aussi.

J'arrive au quartier latin et je demande au chauffeur de se stationner ce qu'il fait sans argumenter. Bien. J'attends les sexy fesses. Ça ne prend pas beaucoup de temps que je le vois avec sa clope. Je sors de la limousine et je m'approche de lui. Bottes à talons haut noires, une jupe courte grise plissée avec des collants noirs. S'il était un homme à jambes, il n'y verrait que du feu. Accompagnée d'un manteau gris, je pris sa clope des mains pour en prendre une bonne bouffée. Non, je n'ai pas l'habitude de fumer, c'est vrai. Mais qu'est-ce que je ne ferais pas pour attirer son attention.

« Merci d'être venu. »

Voilà tout ce que j'ajoutais. La politesse a toujours sa place selon ma mère. Je regarde l'édifice devant lequel nous nous trouvons. Je prends donc gentiment sa main pour l'emmener avec moi dans le but de s'installer sur les marches. Peut-être avait-il envie de marcher? Je le suivrais sans aucun doute mais bon... Pour l'instant asseyons nous. J'inspire encore une bouffée de sa cigarette avant de la lui redonner presque asphyxiée par ce truc nocif bien que je cachais tout. Je ne devais pas me montrer faible, j'étais bien loin de l'être. En fait, j'étais redoutable... Et il l'était tout autant que moi. Intéressant. TRÈS intéressant.

Je le vois, il me regarde. J'adore lorsqu'il me regarde avec ses iris bruns. J'ai toujours eu ce besoin d'attention incessant. C'est stupide et on m'en a souvent parlé. On me dit de consulter un psychologue, que ce besoin est loin d'être naturel et que même, comme il n'est jamais assouvi, je devrais consulter. Je ne suis pas folle, je n'ai pas besoin de consulter. Oui, je suis les stéréotypes à la lettre et je juge pour l'intérieur d'une poche de jeans... En fait, je crois que ça dérange pas trop Anto'. Mais d'ici là, je veux juste atteindre mes dix-huit ans plus vite que jamais, en fait. Je vis avec le fait de mentir aux autres mais mentir à de Maupassant, c'est autre chose, en fait... J'aime pas lui mentir, il est quelqu'un de qui j'ai besoin, voilà tout. Un coup que j'aurai mes dix-huit années en poche, il va en rester beaucoup moins à faire. J'entends Antonin parler sans vraiment l'écouter... Comme si j'étais bien plus loin. En fait, non: je ne prête attention qu'à ma personne. Il dit que je suis coupable du manque de ses cours, je souris. C'est stupide. Si ce n'était pas de moi, il manquerait ses cours pour une autre raison et je le sais pertinemment.

« Tant que tu ne me détestes pas, ça devrait bien aller. »

Je vois son sourire puis son clin d'oeil. Je prends sa main non-occupée pour la glisser contre ma cuisse. Endroit qu'il semble toucher des yeux depuis un moment déjà... Peut-être serait-il le temps de jouer un peu? Je m'ennuie tellement. Pas de faux prétendants depuis quelques jours. Sous peu, j'aurais besoin de mon vibrateur en fait mais j'en ai pas envie. C'est pas marrant toute seule. Mon type de conquête est très variable, des critères assez amples pour ne pas dire vaste. Mais bref, quelle importance à ce stade? S'il arrive à me faire aller au septième ciel, je ne serai pas contre. Puis il me pose LA question que j'évite depuis qu'on se connait. J'ai pas envie de lui dire la vérité, en fait. Si j'ai jamais cours? Boarf. On s'en fout si j'ai cours ou non. J'ai 17 ans, normal que j'ai des cours. Même si en fait, j'ai aucune envie d'être à l'université. Ni même au lycée en fait. Quoi que à ses yeux, j'ai 18 ans et je vais bientôt en avoir 19. Mourrant. Et je suis tellement sûre qu'il ne se doute de rien. Qu'il s'en fout même. J'envoie mes cheveux vers l'arrière de mes oreilles en soupirant lentement avec un fin sourire au coin des lèvres, je savais justement comment me sortir de ce pétrin.

« Tu sais aussi bien que moi qu'on s'en fout tous les deux. »

Eh oui, il allait devoir se faire à l'idée. Je sens qu'il remonte sa main vers mon entrejambe et je ne peux réprimer un petit sourire de satisfaction. J'ai toujours ce que je veux: toujours. De toute façon, j'aime être une petite peste gâtée pourrie. Je me retourne vers lui mettant à mon tour ma main sur sa cuisse la promenant un brin. Je m'approche de lui et je pose un baiser chaud dans son cou puis je remonte jusqu'à son oreille pour susurrer lentement: « Tu sais ce que je voudrais, là, maintenant? » J'embrasse son oreille et je mordille gentiment son lobe. Je frôle son torse d'un simple doigts. N'importe qui aurait pu penser que je me voulais Antonin, ce qui est pas forcément tord mais c'était pas de ça que je parlais. « Quelques comprimés d'ecstasy, tu ne serais pas contre. Avoue. » Je passe ma main sur sa cuisse et je m'approche de lui jusqu'à en sentir son haleine, son souffle froid contre mon cou. Je pose mes lèvres contre les siennes et je l'embrasse. La subtilité doit être présente en public et je crois avoir été discrète. De nouveau, mon index se promène et effleure ses lèvres. « Tu ne peux pas me refuser ça... » Je souris gentiment, il ne pouvait refuser de me vendre quelque chose surtout quand je lui en proposais une partie... On pourrait bien en profiter de cette soirée. Je l'imaginais déjà, moi contre lui avec quelques morceaux en moins.

Il fait ça par habitude, les caresses, les baisers, ça devient un automatisme et je suis bien placée pour le dire. C'est devenu une habitude, plus ou moins saine je le reconnais, surtout étant donné que je suis mineure mais bon. Cet automatisme, je le sentais et j'en tremblais presque mais l'assurance. Ma confiance en moi, j'en avais besoin. Sa main remontant lentement, si seulement on était pas en public, il aurait pu se passer quelque chose de très agréable. Mais ça attendrait à prochainement, j'avais besoin d'être sous l'effet de substances illicites pour m'amuser un peu et faire enrager ce qui me reste de parents. Je m'approche de nouveau de son oreille que je mordille légèrement pour le revoir frissonner. C'est bien de savoir son petit point faible... « Suffisamment pour être stone all night long, baby. » Un accent français mélangé avec du britannique, ça devait être assez cocasse. Puis, il ajoute que je paye le plein prix. Le contraire m'aurait étonné et de toute façon, j'ai l'argent de maman. La joliiiie carte gold de maman, c'est chouette, pas vrai?

Il se rapproche, effleure mon cou subtilement et c'est bien comme ça. Ça donne un aperçu de ce qui va se passer prochainement. Où allait-on faire ça? Peut-être chez moi, chez lui peut-être? Peu importe, j'étais prête à m'inviter carrément n'importe où en autant qu'il amène ce qu'on avait besoin pour s'amuser durant quelques heures. J'envisage les préservatifs avec un sourire en coin. Sourire en coin qui veut tout dire, finalement. Je me relève en l'entraînant avec moi, allons nous balader, pourquoi pas! Je m'enfonce dans le quartier latin, il y a des petits kiosques à mesure que nous avançons mais le coeur ne m'en dit pas... On dirait presque un Chinatown... Le Chinatown pour moi, c'est un endroit où les pas friqués s'achètent des faux trucs de marques pour une somme beaucoup plus modeste. J'ai pas peur de payer le plein prix, moi. Je sors mon téléphone portable de ma poche, il est presque deux heures mais j'ai carrément rien manger.

« Tu sais ce qui serait bon? » Je n'attends même pas sa réponse ou même un quelconque signe de sa part que j'ajoute « Des sushis. » Oui, des sushis. C'est divin! L'assortiment complet... Avec un nouveau kimono, ça serait bien. Ça me faisait penser à ma mère, le jeudi soir on s'installait dans notre domicile et on s'habillait en japonaise avec de superbes kimonos puis on engloutissait des tonnes de sushis devant la télé. C'était bien. Mais maintenant, c'est plus ça du tout. Je regarde autour de nous et pas de restaurent qui arrivent à me convaincre d'un cinq fourchettes. Je grimace juste à y penser. Mon regard se porte sur Antonin. On va squatter où? Je reprends la main d'Anto pour me diriger vers ma limousine. J'entre alors que le chauffeur nous tiens la porte. « Sushi Wasabi » et j'avais un grand sourire. Tant pis si il ne voulait pas me suivre, il allait devoir le faire. « Si t'es sage, tu devrais en avoir quelques uns. » Sage? Lui, sage? Jaaaamais! Voyons! Mais tout de même, ça m'était égal.

Je remonte le mur qui nous sépare du chauffeur puis je m'approche d'Anto et je m'assois à califourchon par dessus lui. Je m'approche de son oreille pour susurrer lentement: « Tu l'as déjà fais à l'arrière d'une limo? » Moi, l'esprit tordu? Je l'avais fait à quelques reprises c'était chouette à bien y penser. Ouais, et une autre expérience dans le même genre, ça se prend bien. Que dis-je! Très bien!