After a wonderful night [Cassandre Leroy]

Faire l’amour c’était comme savourer son gâteau préféré, délicieusement exquis. On ne s’en lassait jamais et pourtant, on avait beau répéter les mêmes habitudes, on ne pouvait nier cette vague de plaisir intense, qui ne manque pas de nous ébranler à chacune des reprises. Cassandre s’était, encore, perdue dans les bras de Peers, il avait une touche spéciale qu’elle n’arrivait pas à distinguer, son sourire enjôleur, sa bonne humeur et sa gentillesse étaient contagieuses, rester longtemps à ces côtés l’attendrissait toujours plus qu’elle ne devrait se le permettre, mais ces fois étaient si rares qu’elle s’adonnait à ce rare plaisir sans regrets. Quand ses épaules quittèrent les siennes, ses lèvres se dérobèrent sous un dernier baiser, la jeune femme failli prendre une moue boudeuse, elle en voulait encore, ou plutôt, elle espérait que cela ne s’arrête jamais. Rattrapés par le temps, cependant, les deux amants devaient repartir dans leur vie quotidienne, retrouver leurs vêtements, leurs postures, leurs titres, leurs cartes de crédit et toutes les responsabilités juxtaposés à ce luxe. Couchée sur le dos, la jeune femme effaça ses iris azuréennes pour se délecter du souvenir de leur nuit, lui arrachant un vague sourire lunatique. Perdant le contrôle de son souffle et de son cœur, elle tentait de retrouver le calme olympien qui l’habitait si souvent, cherchant à maîtriser ses esprits encore perdus dans les ébats de la nuit passé et qui bientôt se faneraient face à la vitesse du présent, il faudrait qu’elle le rappelle, rapidement. Cependant, cette pensée la frustrait, le voir si souvent soulevait un problème auquel elle souhaitait à tout prix se dérober, elle craignait les liens qui pourraient faire d’elle, la sienne, pour un moment, certes mais Cassandre refusait de se perdre dans les chemins égarés de l’amour, pour être aimée il fallait avoir un grand vide à combler, ce que son orgueil ne voulait point entendre.

La vie parisienne, virevoltait dehors à une vitesse hallucinante, comme à son habitude. Cassie pouvait facilement imaginer les passants, pressés se bousculant sur les trottoirs, jouant des coudes dans les cafés pour obtenir une chaude boisson qui réchaufferait leur être par ses froides fins d’hiver. Il lui été aisé de se représenter de parfaits inconnus accrochés à leur téléphone beuglant des mots incompréhensibles à leur interlocuteur qui décidemment ne comprenait pas le message ; les cyclistes qui se faufilaient entre deux voitures sur leur Vélib pour rejoindre les pistes cyclables. Paris … une ville agitée où personne ne dors jamais, la preuve, ne venait-elle pas de passer une nuit entière à se perdre dans els voluptés de la chair, dormant à peine quelques heures avant de recommencer sans cesse avec son beau compagnon ?

Peers – " Ça t'a plu j'espère ? Parce que moi j'ai adoré... "

Un nouveau sourire naquit sur ses lèvres asséchées et terriblement seules sans les courbes des siennes pour les effleurer. Elle resta en silence quelques instants, détournant son visage vers sa silhouette allongée à ses côtés, laissant ses yeux s’égarer sur ses courbes qui la faisaient tant frissonner malgré son silence brisé irrégulièrement par le son des amants. En guise de réponse elle effleura sa chair du bout de ses doigts pour le plaisir d’effleurer une dernière fois sa peau. On aurait pu se méprendre et prétendre qu’ils formaient un couple, or ils étaient précisément dans un hôtel, lieux excitant par son apparence nouvelle mais terriblement impersonnel, comme leur relation. Les doigts du jeune homme s’égarèrent dans sa tignasse défaite par la longue nuit, avant qu’il ne lui dérobe un baiser, qu’elle fit durer longtemps juste pour le plaisir. Se décidant enfin à prononcer quelques mots énigmatiques, la jeune femme lui glissa au creux de l’oreille avant de le relâcher :

« Prendre un abonnement d’un an serait un bon investissement »

Elle lui sourit amusée, le flattant par la même occasion même si c’était une cause perdue, Peers avait le don avec les femmes, c’était un séducteur et il ne manquait pas d’habilité, elle autant que lui le savaient. Cassie était d’humeur taquine, se recouvrant du drap blanc, elle resta au lit au lieu de retrouver ses vêtements, gagnant quelques éphémères minutes supplémentaires elle ajouta pour répondre à sa question :
« Si je peux te manger toi … ça me va. » Nouveau sourire, elle ancra ses iris dans celles du jeune homme, il semblait être pressé ce qui ne concordait pas avec ses envies à elle. Son regard papillota vers ses fesses et son dos qui aux lueurs du jour semblaient être de l’irréel par la perfection, elle ne se lassait définitivement pas de le regarder. Perverse. Non non, admiratrice plutôt, même si elle ne lui en soufflerait probablement pas un mot.

« Le room-service est légendaire, tu ne veux pas t’offrir un dernier plaisir ? Je n’ai pas envie de me mêler à la foule, c’est toi qui m’intéresse, elle s’arrêta un instant pour donner du sens à ses paroles puis d’un haussement d’épaules elle ajouta, mais si tu y tiens, je te rejoindrai dans quelques minutes»

Effroyable mensonge. S’il passait la porte automatique, elle reprendrait ses affaires, téléphonerait sûrement la réception pour laisser un message à M.Baker et payerai la note, elle détestait quand il prenait les devants et réglait alors que c’était à son tour de le faire.