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MAZART, HERMIONE MAELLE
feat. ellen page

HERMIONE MAELLE MAZART• « BONJOUR PARIS » une voix fluette, amusante et amusée résonne dans la radio. C'est Hermione Mazart, vingt et un an, arrivée tout droit de sa ville natale, Annecy, tout juste lancée dans l'animation d'une émission dans une radio parisienne et branchée. « Ici Hermione, la nouvelle voix suave et sensuelle (éclat de rire), qui résonnera désormais tous les soirs de 22h00 à minuit et demi sur votre radio préférée, dans votre émission préférée. Bien sûr, vous aurez toujours vos fous des ondes, mais j'apporterais à ce groupe rempli de testostérone une certaine féminité tout à fait... HÉ, vous m'avez fait raté mon speech avec vos pitreries les gars ! Bref, j'éspère que tout se passera bien pour moi, parce que avec ces gars là on est pas sûr de ne pas se casser une jambe en deux minutes ! Et tout de suite, on commence bien avec un nouveau son rock, que je vous laisse découvrir, on revient juste avec ça... (jingle, la chanson se lance) Bon beinn, ça s'est bien passé, non ? »

Née à Annecy le huit août 1989, cette fille de photographes n'a jamais rien fait de ses études, si ce n'est avoir un BAC L haut la main sans révisions, préférant de loin aller s'amuser avec des garçons (et des filles), et à jouir de sa jeunesse. Hermione n'est pourtant pas une surdouée, mais une jeune fille bien précoce et vive, si bien qu'elle est partie d'un coup de tête, conquérir les ondes radiophoniques parisiennes.

Spoiler:

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et toi, t'es sur qui ?
adolescence.
Le genou écorché à vif, je commençais à saigner un peu, la jambe douloureuse. Rien de bien grave, car, comme d'habitude, je riais aux éclats, déployant le fond de ma gorge à qui voulait bien la voir. Casse-cou mais éternelle maladroite, je m'étais encore cassé la figure en roller, en tentant en vain de mener des exploits, ce que je réussissais plutôt bien en terme de chutes mémorables. Accompagnée d'Audrey, ma comparse depuis l'âge de se foutre du sable dans les chaussures, et de Morgan, celui que j'avais toujours aimé, refoulant ces vilaines pensées qui me disaient d'un jour, il finirait homosexuel. Je n'avais pas tout à fait tord puisqu'à l'age où les hormones explosent en vous comme un feu d'artifice, il se découvrit une certaine passion pour les garçons, gardant cependant sa maladroite attirance pour les demoiselles. Quelque part, je me disais que si je n'avais pas pensé ça toute mon enfance durant, il n'aurait pas finit à parcourir tous les bars gays de la ville.
Comme tous les samedi, dès que le printemps ramenait sa fraise, nous partions faire de roller près du lac, à mater les fesses des garçons, à manger des glaces toujours trop chères, mais toujours trop bonnes, et surtout... à rire de mes cascades vertigineuses. Mais cette fois-ci, nos éclats de rire avaient un brin d'amertume. Certes, avec les années il me semblait puéril et presque superficiel, mais il n'empêche qu'à ce moment là, j'aurais tout donné pour ne pas avoir à vivre ce moment, ou à ressentir cette douleur qui aujourd'hui me paraît inappropriée. L'année scolaire était terminée depuis une semaine, j'avais 14 ans, des boutons en trop, des problèmes avec les garçons, avec mes parents, mais surtout : mes deux meilleurs amis et moi devions nous quitter, à l'aurore d'une nouvelle vie : le lycée. Oh bien sûr, quand on y pense, ça nous fait vraiment rire, mais cette pensée m'a réellement arraché quelques larmes, à moi, l'hyperactive insensible. Audrey, qui n'avait pas franchi les 7 de moyenne générale se voyait redoubler, et Morgan, quant à lui, partait pour l'ïle de la réunion, son père gendarme étant muté là bas. Bref, je me retrouvais seule, une fois de plus. Sans eux, ma vie aurait été bien monotone, car même si très bavarde et futée, je ne suis pas le genre de fille à faire entrer des gens dans ma vie sous prétexte qu'ils ont l'air gentil. Non, pour moi, il faudrait presque du mystique pour que j'accorde de l'importance à une relation.
Pour tenter de masquer notre nostalgie, nous parlions de la vie, et surtout, de nos brefs amours puérils et enfantins. A l'époque, j'étais totalement amoureuse d'Antoine, un beau blond un peu geek, pas du tout conscient de ma présence. Audrey était vraiment trop fière d'avoir perdu sa virginité avant nous, avec Mathias, ivre mort. Et Morgan, lui, se demandait si Marlène valait mieux le coup, sachant qu'il sortait en cachette avec Robin, qui lui même sortait avec isabelle, la demie-soeur de Marlène. Des préoccupations qui aujourd'hui font bien rire mes collègues de boulot.
Ce jour là, je pensais que malgré tout, nous nous reverrions. Mais en dépit les progrès technologiques ou nos sentiments, cette amitié n'a pas tenu le coup. Quand nous nous étions quittés, le goût de la glace chocolat régalait encore ma bouche d'adolescente en fleur. Mais une fois l'été passé, puis les années déroulées, il ne m'en reste qu'un souvenir amer. Et merde, c'est si important que ça, l'amitié ?
Même si cela peux vous sembler anodin, cet épisode a changé ma vie, glacé mon coeur. Si je n'aime personne, je me donne à tout le monde. Je n'ai plus d'amis, que des connaissances, auxquelles je prête des sourires sincères mais aucun sentiment.

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missives :

« vous avez un nouveau message de hermione »

adulescence.

douze août deux mille neuf — « Oui les parents indignes c'est moi, la fille indigne, bah écoutez tout va bien, j'étouffe sous les cartons et la poussière, mais ce petit studio est parfait. Hm, je vais pas traîner hein, parce que j'ai du boulot et que je suis TRÈS fatiguée. Et papa, ne me rappelle pas s'il te plait, même si c'est maman qui te supplie. Je me DÉBROUILLE. biip »

treize août deux mille neuf — « C'est pas la peine de m'appeler quinze fois et de blinder ma messagerie et mes appels manqués, je ne répondrais pas, maman. biip »

vingt août deux mille neuf — « Oui Charlotte c'est moi, je voulais juste de dire d'écOUTER LA RADIO DÈS LA RENTRÉE PARCE QUE JE SUIS PRIIIIIIIIIISE OUIIIII. Mais rien qui ne me fasse sauter de joie hein, tu sais bien que c'est juste un petit boulot comme ça, après tout, ces stages en radio à donner du café à ces starlettes radiophoniques ont payé. Enfin voilà, ta soeur va co-animer une émission de radio déjà culte, je sais même pas pourquoi ils m'ont prise ! J'espère que le lycée, ça va marcher pour toi, que t'es prête pour y passer ta dernière année. Fais un bisou à maman et papa, je les appellerais peut-être. Peut-être pas. biip »

vingt-neuf août deux mille neuf — « Allô, bonjour Silvan, c'est Hermione. Hm, tu sais, ta "nouvelle collègue de travail". Enfin bref, c'était pour savoir... il faut quelque chose de spécial pour passer à la radio à la première fois ? Ou je peux venir en pyjama. En tout cas, j'ai hâte d'y être. Enfin, voilà, hm, bisous ? (...) et merde, pourquoi il marche pas ce con de po... biip »

cinq septembre deux mille neuf — « Alors ma Charlie aux fraises, j'étais comment ? JOUSSIVE HEIN ?! Rappelle moi, mon petit écureuil. biip »

deux octobre deux mille neuf — « SiLVAN, JE TE JURE TU M'APPELLE GRANGER ENCORE UNE FOIS À L'ENTAINE ET JE TE FAIS AVALER TA BAGUETTE. (...) ET POURQUOI ÇA VEUT JAMAIS RACCROCHER QUAND C'EST À TOI QUE JE LAISSE UN MESS... biip »

vingt-sept novembre deux mille neuf — « Audrey, c'est moi... je, je voulais te souhaiter un joyeux anniversaire. Amuse toi bien j'espère que ça va pour toi. biip »

vingt-deux décembre deux mille neuf — « Salut les parents, c'est moi. Je voulais vous prévenir que finalement je pouvais pas passer pour le réveillon, on bosse ce soir là. Promis je prends des vacances début Janvier, et je passe vous voir, mais là, on est débordés. Je reprendrais avec plaisir les quelques kilos que j'ai perdu. En tout cas, tout va bien, ne vous inquiétez pas. Désolée si j'appelle peu en ce moment, mais je bosse tous les soirs et... bref, je vous laisse. Je vous embrasse fort, avec plein de bave, comme mamie. biip »

premier janvier deux mille dix — « Charlotte, tu sais, je t'aime. Mais faut pas boire, hips, tu sais. Après on fait n'importe quoi. Je t'aime mon écureuil aux fraises, hihi. biip »

douze février deux mille dix — « Ouais Silvan, tout à l'heure tu m'as pas répondu... Je fais une soirée chez moi le quatorze, les autres de l'équipe ont dit oui, mais à chaque fois tu ris... mais tu réponds pas. TU VIENS OU PAS, IMBÉCILE. On se voit demain, j'te gifle. biip »

quinze février deux mille dix — « J'suis désolée pour ce qui s'est passé. A plus tard, Silvan. biip »

vingt-cinq février deux mille dix — « CHARLIE, IL FAUT QUE JE TE PARLE. Maman m'a parlé de tes escapades nocturnes. Je sis censée de faire la morale, alors... racontes ! Et ce garçon dont tu m'a parlé là, le brun ? Tout va bien ? Continues d'écouter la radio surtout, hein. Au fait dis... tu le trouves comment, silvan ? biip »

vingt-sept février deux mille dix — « Charlotte, c'est quoi cette histoire, j'ai bien eu ton message mais j'ai rien compris. Tu pars pour Paris, tu arrives demain ? Mais t'es folle ou quoi, ça va pas ? Appelle moi s'il-te-plaît, je m'inquiète. biip »