« britouille » undisclosed desires.

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Brittany & Vince

J'étouffe sous le veston et la cravate que mon père m'a obligé à enfiler avant de quitter la maison, mot trop faible en sens pour définir l'immense endroit où on réside, pour ne pas déplaire aux gens qui croient que la richesse, ça s'exhibe inutilement et que plus on claque de tunes en apparence, mieux on paraît. Un homme aussi intelligent que mon père qui soit si superficiel, c'est assez amusant en fait, plutôt ironique même. Il défend les droits et propose l'équité sur de nombreux points de vue entre les différentes classes sociales, mais il se balade en BMW et porte exclusivement du Hugo Boss. Moi, je suis son fils paumé qu'il n'a jamais connu, mais qui allait faire de lui une figure emblématique de la presse, c'est vrai quoi, recueillir son garçon qui croulait sous le poids des responsabilités en Amérique alors que sa mère, l'ancienne amante, était aux prises avec les démons de l'alcool. Comble de tout, nouvellement orphelin de figure maternelle, du moins si on peut la considérer comme telle...

« Des commentaires à faire concernant le suicide de votre mère ? » « Comptez-vous retourner à New-York pour l'enterrement avec votre père ? » « Aviez-vous espoir que votre mère réussisse à vaincre sa maladie ? ». Chaque fois, je me sentais plus mal. Je n'étais pas du tout fait pour la vie ultra-médiatisée, surtout avec une délicatesse pareille de la part de la presse française. C'est dans ces moments-là que j'appréciais mon père, qui apparaissait d'on ne sait trop où pour me soutirer à leur présence qui me faisait figer, automatiquement, et pourtant je ne suis pas timide et intimidable, habituellement. Quoique là, maintenant, j'en ai marre. Mon père m'a traîné à un truc mortifiant à l'hôtel de ville, alors qu'il rencontrait des hauts placés dans l'administration de la Ville Lumière, voulant m'introduire à ce cercle de prétentieux « Pitié Brit, réponds moi ». Je réalise que je me parle tout seul et que la secrétaire me regarde d'un drôle d'oeil, alors je sors dehors, arrachant finalement l'emprise de la cravate qui enserrait mon coup. Je m'assois dans les marches de l'escalier, le portable à l'oreille, implorant Dieu que Brittany soit en forme pour venir me tirer de là et qu'on aille faire comme à notre habitude, notre truc à nous, dans ma chambre. Pas ce que vous pensez, simplement y inclure musique, revues diverses et mademoiselle sur le bout de mon lit, que j'observe à la dérobée, que je tente de remettre sur les rails dernièrement. C'est drôle qu'on échange ainsi les rôles, car si je ne suis pas sous traitement pour dépression - ou encore constamment connecté à World of Warcraft, comme un mec qui n'a plus de dignité et se nourrit exclusivement de pizza et de Mountain Dew - c'est bien grâce à elle...

« Britouille ? ». J'entends sa voix dans le combiné, et automatiquement, le sourire me vient aux lèvres, mon coeur se met à battre plus rapidement et je me traite mentalement d'idiot. Je suis persuadé que je risque de faire plus de tord que de bien si je lui avoue que je suis fou d'elle depuis un bon moment déjà, et si la vie parisienne craint déjà légèrement, si je perds Brit, c'est carrément la fin des haricots, et ça, c'est pas rien. « Je suis coincé à l'hôtel de ville, un enlèvement, ça ne tenterait pas ? ». J'espère que non, car s'il y a un truc qui me plait, c'est passer du temps avec elle et faire n'importe quoi pour lui remonter le moral, elle en a tant fait pour moi, je lui dois au moins ça « Toujours là ? ». C'est à moi de partir dans mes pensées, qui se tournent automatiquement vers elle, ma jolie petite blonde préférée. Je me mords la langue, serrant mon veston autour de moi pour parer le vent. Si elle ne se décide pas rapidement, je risque la pneumonie « Poppy a acheté de nouveaux magazines... ». Le chantage ? Ne sait-on jamais, peut-être que ça inspirera un fin sourire sur les lèvres délicieuses de mon amie...

you're always there for me

Voilà plus d'une semaine que Brittany n'avait plus remis les pieds chez elle. Elle passait tout ses soirs chez son bon ami Vince, mais ce matin il avait un engagement avec son père. Au départ, elle se demandait bien ce qu'elle pouvait faire pendant tout ce temps, il n'était pas question qu'elle reste chez Vince alors qu'il n'était même pas présent, mais il lui vint à l'esprit que tout ses vêtements étaient sales et qu'elle empesterait la chambre de son ami si elle ne se rendait pas chez elle pour chercher de nouveaux vêtements. C'est donc ce qu'elle voulait faire lorsqu'elle arriva devant la porte de son appartement miteux. Après avoir tourné la clé dans la serrure, elle tourna lentement la pognée et très rapidement une odeur de renfermé envahit ses narines. C'est ce qui arrivait lorsqu'elle n'était pas là et qu'aucunes fenêtres n'étaient ouvertes. Britt se rua vers la fenêtre et l'ouvrit, elle ressentit tout de suite l'air frais entrer dans le petit appartement. Elle soupira bruyamment, même si personne ne pouvait l'entendre, puis tourna le dos à la fenêtre pour se diriger vers sa chambre. Une fois dans la petite pièce, la partie la plus déprimante de son appartement, elle lança le sac de sport que Vince lui avait prêté sur son lit. Elle le vida rapidement sur son lit avant d'ouvrir ses tiroirs et d'en sortir des items au hasard. Jamais elle n'aurait crue qu'elle s'ennuierait autant de Vince. Lorsqu'elle était avec lui, elle ne lui parlait presque pas et devait être la personne la plus désagréable, mais maintenant qu'elle était seule... Jamais elle n'aurait pensée que le silence puisse être aussi étouffant. Sans s'en rendre compte, elle sentit une larme rouler sur sa joue, larme qu'elle essuya très rapidement.

C'est à peu prêt au même moment qu'elle entendue son cellulaire vibrer, quelque part sous la pile de vêtement sale. Elle chercha entre les chandails et les pantalons, puis trouva finalement le petit gadget. Elle regarda l'afficheur, où on pouvait lire le nom de Vince. Elle le décrocha rapidement. « Vince ? » « Britouille ? » Les deux jeunes avait parlés en même temps, ce qui fit sourire légèrement Brittany, même si le sourire en question disparu aussi rapidement qu'il avait apparut. « Je suis coincé à l'hôtel de ville, un enlèvement, ça ne tenterait pas ? » Elle jeta un coup d'œil autour d'elle et aperçut son sac, remplis de vêtement propre. Rien de la retenait et elle ne pouvait plus supporter le silence. « Toujours là ? » Elle avait totalement oublié de parler et Vince attendait toujours au bout du fil. « Poppy a acheté de nouveaux magazines... » Un autre sourire en coin apparut sur la bouche de la jolie blonde. « Donne moi 20 minutes. » Elle raccrocha le téléphone et courut vers la salle de bain. Il était plus que temps qu'elle prenne une douche. Cinq minutes plus tard elle était sortit et habillé, un record pour la blondinette qui aimait bien prendre son temps. Elle prit son sac, qui était toujours sur son lit, et se dirigea vers l'entrée de son appartement. Elle agrippa son manteau et le boutonna jusqu'au coup. Elle prit également une écharpe et sortit enfin de son appartement, son sac qui pendait à son épaule.

Finalement Vince dut l'attendre 30 minutes, plutôt que 20, mais il était toujours là, assis sur les marches à l'attendre, comme d'habitude. Elle marcha dans sa direction et se planta devant lui.

Invité

you will never be alone, i swear

Je savais pertinemment que Britanny ne me laisserais pas supporter mon père. Si quelqu'un était bien au courant de notre « différent inconciliable », entre lui et moi, c'était bien elle. C'est vrai que, de toute façon, à Paris, la jolie blonde était ma seule amie. Les gens que je fréquentais, à Brooklyn, s'étaient habitués à mes excentricités, à la longue, ici, c'était différent. Dans une société composé de gens prétentieux et croyant tout connaître, les phénomènes uniques ne sont pas bien vu. On rentre dans le moule, un point, c'est tout. Peut-être que c'était comme ça, mais pas pour moi. J'écoute de la musique que tout le monde déteste, je paie mon abonnement à World of Warcraft avec ma carte de crédit chaque mois et je n'ai jamais bu plus qu'une bière dans une soirée, de peur de devenir comme ma mère. Assis sur les marches de l'hôtel de ville, habillé comme si je sortais d'un mariage, je passe pourtant inaperçu, entre tous les hommes en smoking et les demoiselles en tailleurs Chanel. Avec Charlène comme demie-soeur, je n'ai pas eu d'autres choix que d'apprendre à connaître le BA de la mode française, aka Chanel, Dior et Vuitton. « Vince ? » . Mon dieu, sa voix est un soulagement, elle est comme une bouée de sauvetage, moi qui commençait à désespérer...

« Donne moi 20 minutes ». Dans le cas de Brittany, c'est au moins une bonne dizaine de plus, alors j'ai le temps de devenir un glaçon à l'américaine avant qu'elle ne rapplique. Rajustant mon pantalon, une fois debout, je commence à faire les cent pas, puis je songe à rentrer me réchauffer, mais j'ai trop peur qu'on me retienne et qu'on me ramène dans la salle d'attente où mon père, à quelques pas, avait une audience avec des gens influents, le genre de personnes que je devrais vouloir devenir. Ce n'est pas mon intention, je ne suis pas comme lui. Je chantonne, même si je sais que je chante comme une casserole, pour passer le temps. Une de mes chansons préférées de Muse, rien de moins. Je finis par reprendre place dans mes escaliers, passant la main dans mes cheveux, regardant les voitures passer. C'était mon occupation favorite, quand j'étais gosse, alors que ma mère se vidait des bouteilles de gin. J'essayais de les attraper, comme si je pourrais m'amuser avec elles plus souvent si je les serrais entre mes doigts. C'est bête, un enfant, parfois. Je repense aussi à mes copains, mais ils ne me manquent pas, en fait, on était pas très proche, simplement, on s'entendait bien. Brittany me reproche de ne pas être plus sociable, mais pourquoi je voudrais aller voir ailleurs quand je sais à quel point je suis bien avec elle?

Je rêvassais sans rien demander à personne que quelqu'un vint me couper le rayonnement du soleil. Alors que je m'apprêtais à rechigner, je reconnais tout de suite l'écharpe, le manteau, les cheveux blonds légèrement bouclés, le teint rosé, d'autant plus rose de la fraîcheur de la journée, le regard pétillant de Britouille. Un sourire me vient tout naturellement aux lèvres, et je sors mes mains de mes proches, les frottant vigoureusement ensemble « Je suis content que tu sois là ». Je me lève doucement, observant la finesse de ses traits, détournant les yeux pour ne pas la fixer du regard « Merci Britouille, tu me sauves la vie... encore ». Je descends une marche, lui faisant signe de faire de même « Comment ça va ? Je t'ai pas trop manqué au moins ? ».